Street-Man
Comment réinventer un héros qui a plus de 80 ans d’histoires derrière lui, avec son lot d’univers parallèles à la pelle ? C’est tout le casse-tête de DC à l’heure de donner les clés d’Absolute Batman au scénariste Scott Snyder. Pas un choix anodin, puisqu’il avait déjà rebooté le Chevalier Noir à l’occasion de New 52, la nouvelle version de l’univers DC créée en 2011 (c’est un peu compliqué, comme souvent chez DC).
Avec Absolute, plus qu’une simple réinvention, DC voulait proposer une ligne de rupture, avec pour idée de déconstruire ses plus grandes icônes. Bruce Wayne est un symbole complètement nouveau. De milliardaire orphelin, reclus et qui a fait de la technologie son allié, Batman devient un jeune homme en apparence ordinaire, avec son cercle d’amis et une mère aimante.

La mort de son père reste un élément déclencheur de sa quête de justice, mais il est évident que cette version du personnage est bien différente de ce qu’on a l’habitude de voir. Les pièces du puzzle sont présentes, mais elles sont présentées sous un jour nouveau et assez étonnant, qui attise forcément la curiosité à la découverte de ce monde en pleine construction.
Ce Batman encore jeune convoque pourtant l’héritage de The Dark Knight Returns dans ce qu’il a de plus extrême. Ultra violent, tacticien brillant, c’est un héros né dans la rue, constamment sur un fil, tout comme cette Gotham au bord de l’anarchie.

Année moins un
Sans sa fortune, sans son manoir, sans son majordome (Alfred est un mercenaire envoyé pour enquêter sur lui), Batman est une icône réinventée comme rarement. Une idée qui bouleverse évidemment le personnage, tout en gardant ses codes, ce qui le rend unique. Un équilibre remarquablement atteint par Scott Snyder.
Est-il encore Batman ? C’est la question qu’on pourrait presque se poser sur le papier. Mais en réalité, cette vision ultra radicale annihile la frontière classique entre le héros milliardaire et ceux qu’il aide. Ici, Batman est un citoyen comme les autres, ou presque, donnant un sens renouvelé à sa quête pour sauver Gotham de l’enfer.

Surtout, au-delà de son code d’honneur et de ses méthodes, il y a dans l’iconisation orchestrée par Snyder (on parle bien toujours de Scott, pas de Zack) un geste complètement fidèle à l’essence du personnage. Les dessins de Nick Dragotta flirtent continuellement avec le grotesque et la caricature, offrant une allure unique à Absolute Batman en parfaite harmonie avec son propos politique.
Sur le scénario pur, ce premier tome (recueillant les épisodes VO 1 à 6) reste dans quelque chose de très classique. Une lutte politique pour la Mairie de Gotham, une guerre du crime organisé qui prend de plus en plus d’ampleur. Du terrain très connu.

Néanmoins, la simplicité de l’histoire est également un moyen efficace de s’imprégner de cette vision de Gotham, où les changements majeurs des personnages sont plus importants dans le premier temps de cet univers.
Certains pourraient être rebutés par l’approche jusqu’au-boutiste, mais rares sont les reboots avec autant de personnalité, qui vont plus loin que la simple relecture dans un cadre différent (plus réaliste, futuriste, etc.). Ici, Bruce Wayne est Batman dans ce qu’il a de plus… absolu, et c’est une petite révolution.
Le premier tome d’Absolute Batman est disponible en librairie depuis le 30 mai 2025.

Quelle différence du coup avec la nouvelle saison de Daredevil ?